CÔME ET DAMIEN - Augustin Sokolovski

Selon l’histoire du martyre de ces saints, Côme et Damien étaient frères. Ils venaient d'Arabie. Ils reçurent leur éducation en Syrie. Là, ils ont également pratiqué la médecine et là, ils ont souffert pour le Christ. Leur canonisation comme saints eut lieu à Rome. C'est pourquoi la mémoire des saints Côme et Damien est célébrée trois fois par an.

Si nous suivons l’année liturgique, qui, comme nous le savons, commence le 1er septembre, c’est-à-dire à l’automne, la première célébration est donc le 30 octobre ; la deuxième est le 14er novembre ; et enfin, la troisième, la fête d'été en l'honneur des saints, a lieu le 14 juillet, le troisième jour après la fête des apôtres Pierre et Paul, ce qui en soi est très symboliquement biblique et théologiquement remarquable. Cette dernière date est peut-être facile à retenir pour les orthodoxes français, car c'est la Fête Nationale.

Ces différentes fêtes sont liées au jour du martyre, à la translation des reliques et à la consécration des principales églises historiques en l'honneur des saints. Paradoxalement, une pratique aussi courante dans la théologie de la sainteté a contribué à l'émergence, dans la piété populaire, dès l'Antiquité, de l'idée qu'il existait trois « Côme et Damien » totalement différents.

Prenons l'exemple d'un autre saint ancien très vénéré : saint Nicolas. Dans l'Église russe, sa mémoire est célébrée trois fois par an : 1. Le jour de sa mort en décembre ; 2. Le transfert de ses reliques en mai ; 3. Enfin, la rare fête de la Nativité de Nicolas en août. Si saint Nicolas avait subi le sort de Côme et Damien, il aurait été transformé en trois saints différents : Nicolas de Myre ; Nicolas d'Italie, puisque ses reliques ont été transférées d'Asie Mineure en Italie ; et, enfin, Nicolas de Russie, grâce à son anniversaire en août et à la vénération particulière de ce saint dans l'Église russe. Heureusement, dans le cas de Nicolas, une telle confusion n'a pas eu lieu. Mais dans le cas de Côme et Damien, c'est exactement ce qui s'est passé !

Énumérons ces trois Côme et Damien « différents ». Ce sont Côme et Damien d'Arabie, Côme et Damien d'Asie et Côme et Damien de Rome. Ainsi, Côme et Damien d'Arabie doivent leur nom à leur lieu d'origine, la péninsule arabique. Côme et Damien d'Asie doivent leur nom au lieu de leur activité médicale et de leur martyre. Enfin, Côme et Damien de Rome doivent leur nom au fait que c'est à Rome qu'ils furent glorifiés après leur martyre comme de grands saints chrétiens. Mais répétons-le, ce sont les mêmes saints !

Côme et Damien étaient médecins. Ils prêchaient le christianisme et soignaient gratuitement de nombreuses personnes. Dieu les aidait dans leur travail médical par sa grâce, si bien que, de manière surnaturelle et à des fins d'évangélisation, la puissance du Christ guérissait souvent des maladies incurables. En soignaient avec succès et gratuitement, ils ont contribué à la réduction des revenus des autres médecins. Les saints Côme et Damien furent calomniés par ces médecins concurrents. Il existe deux dates possibles pour leur martyre : le bref règne de l'empereur romain Carin, peu connu, de 282 à 285, ou la Grande Persécution de son successeur Dioclétien.

Leur vénération est très ancienne et universelle. Les signes et miracles accomplis par leurs prières, à partir de leurs reliques et dans les églises dédiées à leur nom étaient si nombreux qu'il serait long de simplement énumérer les bénédictions reçues grâce à leurs prières. Les saints Côme et Damien sont invoqués dans les anciennes prières eucharistiques, dans le texte du sacrement de l'onction, lors de la bénédiction de l'eau et des prières pour la guérison des malades. Le tropaire aux saints Côme et Damien témoigne également de leur vénération extrêmement ancienne. Il est très court, comme le tropaire de la Sainte Pâques. « La foi de l'Église est dans les paroles courtes », écrivait saint Augustin. En règle générale, les prières et les tropaires très courts sont les plus anciens.

« Saints non mercenaires et thaumaturges, Côme et Damien, visitez nos infirmités. Vous avez reçu gratuitement, donnez-le-nous gratuitement aussi », – tel est le tropaire entier.

L'église Saint-Côme-et-Damien de Rome conserve une célèbre mosaïque du VIe siècle. Inspirée des textes de l'Apocalypse, cette image représente Côme et Damien debout devant le Christ, aux côtés de Apôtres Pierre et Paul. « Cette Maison de Dieu est dédiée aux deux martyrs venus d'Orient pour apporter au peuple l'espoir de la santé et du salut », peut-on lire sur l'inscription. Rappelons-nous aussi la proximité de la commémoration estivale des saints médecins avec la fête des Apôtres !

« Ô, beauté si ancienne et si jeune ! » s'adressait à Dieu saint Augustin. Les saints Côme et Damien sont la Lumière de l'Orient. De nos jours, la Lumière de l'Orient doit être l'Orthodoxie et sa piété sincère et authentique envers Dieu et les saints Martyrs.