TRANSLATION DES RELIQUES DES SAINTS CYR ET JEAN - Augustin Sokolovski

Le 11 juillet l'Église orthodoxe célèbre la mémoire des saints Cyr et Jean. Cette célébration des saints est associée au transfert de leurs reliques qui a eu lieu à l'été 412.

Cyr et Jean comptent parmi les rares saints martyrs vénérés comme désintéressés et miraculeux. Dans la terminologie de l’Église orthodoxe, littéralement empruntée à la langue grecque, ils sont aussi appelés les saints anargyres et thaumaturges. De nos jours, on les appellerait probablement des médecins bénévoles. Ces saints sont invoqués lors du sacrement orthodoxe de l'onction, lors de la bénédiction de l'eau et dans les prières pour la guérison.

Les saints ont souffert pour le Christ au début du IVe siècle, très probablement en 311, lors de la persécution de Dioclétien, qui fut cruellement poursuivie par ses successeurs. Selon une version de leur biographie, Cyr était un médecin de haut rang à Alexandrie, menant une vie ascétique, et Jean, ancien soldat romain, était son assistant.

Leur martyre n'était pas motivé par la médecine, mais par la compassion. Apprenant que quatre chrétiennes, qu'ils connaissaient personnellement, avaient été arrêtées à Alexandrie, Cyr et Jean se rendirent à Alexandrie pour les affermir dans la foi. Ils y furent détenus, torturés et exécutés. Il s'agit d'un cas exceptionnel de médecins mourant pour leurs patients.

Le début de la vénération à grande échelle des saints Cyr et Jean fut la décision de saint Cyrille d'Alexandrie de retrouver leurs reliques. Cyrille est l'un des plus grands et des plus importants Pères de l'Église. Il fut archevêque d'Alexandrie de 412 à 444. Comme ses prédécesseurs, Cyrille a lutté avec beaucoup de zèle contre le paganisme, qui était toujours exceptionnellement fort en Égypte.

Les reliques des saints furent transférées de Canope, aujourd'hui l'Aboukir égyptien en l'honneur de saint Cyr, à Menouphis, dont les ruines reposent au fond de la mer. C'était une cité sacrée égyptienne, où les païens vénéraient fanatiquement la divinité Isis en quête de de miracles et de guérisons. Le transfert des reliques de Cyr et de Jean visait à mettre fin à ce culte, ce qui se produisit plus tard.

Cyrille d'Alexandrie leur a dédié trois de ses sermons. Un autre Père de l'Église, saint Sophrone de Jerusalem (560-638), fut guéri d'une maladie des yeux grâce à leur intercession. En signe de gratitude, il recueillit des récits de soixante-dix guérisons majeures, dont il avait connaissance, survenues au lieu de repos de leurs reliques.

Cette chronique de saint Sophrone devint une sorte d'apothéose d'adieu. La conquête arabe de l'Égypte approchait à grands pas, réduisant à néant l'importance mondiale du sanctuaire alexandrin des Saints Anargyres. Comme ce fut le cas pour d'autres grands saints, saint Nicolas, saint Augustin et saint Cyrille lui-même, leurs reliques furent transférées dans des pays chrétiens, où leur vénération acquit un nouveau renom.