TROPARION DU DIMANCHE DU TROISIÈME TON - Augustin Sokolovski

Chaque dimanche est une Petite Pâques. Il ne s'agit pas d'une allégorie ni d'une image poétique, mais d'une réalité de la vie spirituelle et théologique de l'Église. C'est l'expérience réelle de la présence du Christ à travers la célébration de la Résurrection du Seigneur, dont les fondements se trouvent dans les premiers temps de l'histoire chrétienne.

Le nom de Petite Pâques n'est pas une comparaison avec la Grande Pâques. Il indique plutôt que tout ce qui caractérise la célébration de la Résurrection du Christ peut être présent au moins chaque dimanche. Il s'agit d'une dialectique particulière. Afin que l'office ne soit pas complètement répétitif, mais aussi qu'il ne diffère pas totalement des autres dimanches, le principe de l'alternance de onze lectures de l'Évangile dominical à Matines et de huit tons liturgiques est appliqué. Les lectures et les tons commencent après la Pentecôte et se poursuivent tout au long de l'année.

Chaque office festif possède son propre tropaire et son propre kontakion. Ce sont des hymnes clés. Elles constituent à la fois une sorte de résumé et une devise pour chaque célébration. La Petite Pâques comporte également huit tropaires et huit kontakia, correspondant au ton du dimanche correspondant. Tous riches en contenu, ils représentent un chef-d'œuvre de la pensée biblique et théologique de l'Église primitive et de l'époque des Saints Pères. Il est important de connaître par cœur les textes des tropaires et des kontakia du dimanche.

Le tropaire du troisième ton commence par ces mots : « Que les cieux se réjouissent, que la terre soit dans l’allégresse. Car le Seigneur a déployé la force de son bras, par la mort Il a terrassé la mort. »

« Que les cieux se réjouissent, que la terre soit dans l’allégresse. » Notre Credo appelle Dieu « le Créateur du ciel et de la terre ». Le ciel et la terre sont le monde des hommes et le monde des anges. Le ciel et la terre sont ensuite les cieux et la terre physiques. Enfin, le ciel et la terre sont l'Église des saints et l'Église des hommes en route vers le futur eschatologique.

L'Église des saints intercède pour l'Église terrestre. L'Église terrestre aspire à l'unité avec l'Église céleste. Cela se produira à la fin de l'histoire du monde.

Le tropaire de la Petite Pâques, du troisième ton, proclame l'unité du ciel et de la terre dans la joie et l'allégresse obtenues par la Résurrection de Jésus-Christ.

De nombreuses religions proclament le dualisme entre le ciel et la terre. Le poète et compositeur russe Viktor Tsoï (1962-1990) l'a exprimé dans son hymne par ces mots : « Il y a guerre entre le ciel et la terre. » La vérité biblique de la résurrection du Christ garantit qu'il n'y a plus de dualisme entre le ciel et la terre et que l'inimitié entre eux a été vaincue.

« Car le Seigneur a déployé la force de son bras. » La résurrection du Christ n'était pas acquise d'avance. Si la vie terrestre de Jésus s'était achevée par sa mort sur la croix, cela aurait été le plus grand triomphe du mal de l'histoire. Dieu le Père aurait pu répondre à la mort de Jésus de multiples manières. La résurrection du Christ d'entre les morts fut la réponse inattendue, inexplicable, omnipotente et infaillible de Dieu à la mort de son Fils.

La résurrection du Christ confirme les paroles du Credo selon lesquelles Dieu, Créateur du ciel et de la terre, est omnipotent. Il est le Tout-Puissant. « Par sa toute-puissance », Dieu a ressuscité son Fils d'entre les morts. Il a « démontré la puissance de sa main », comme le proclame le Tropaire.

Saint Irénée de Lyon (+200), l'un des premiers Pères de l'Église et l'un des premiers « théologiens professionnels », déclara : « Les mains de Dieu sont le Fils de Dieu et le Saint-Esprit. » La résurrection du Christ n'était ni symbolique ni figurative, mais réelle et corporelle. C'est un dogme de foi et le sceau de la toute-puissance de Dieu.

Puisque la résurrection a eu lieu par la main de Dieu, on peut dire à juste titre que Dieu a ressuscité Jésus, son Fils, d'entre les morts, et que Jésus lui-même est ressuscité. Cette double affirmation repose sur l'unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et sur la vérité que Jésus est ressuscité des morts par la toute-puissance de la main de Dieu, c'est-à-dire par le Saint-Esprit.

« Par la mort Il a terrassé la mort. » Comme déjà mentionné, l'expression « Petite Pâques » n'est pas une comparaison avec la Grande Pâques du Seigneur. De même que le futur adulte est déjà présent dans le corps d'un bébé, et qu'inversement, un enfant, notre petit être humain, vit toujours dans l'adulte, surtout lorsqu'il est seul et effrayé, de même la Grande Pâques du Seigneur est présente chaque dimanche, respirant et vivifiante.

Cela est confirmé par le contenu des hymnes. Enfin, les paroles du tropaire dominical du troisième ton, qui proclament que le Christ a vaincu la mort par sa mort, reprennent littéralement le tropaire de Pâques. La Pâque du Christ est célébrée dans la liturgie de chaque dimanche.

Le livre de l'Apocalypse contient la promesse que l'histoire est la préparation du trône. Elle se réalise jour après jour, visiblement et pourtant imperceptiblement. Cela est proclamée dans les textes liturgiques avec une précision théologique et une beauté spirituelle étonnantes. Pour sa part, l'Eucharistie nous donne la grâce de vivre cette Pâque du Christ chaque jour et chaque nuit de toute la semaine qui commence le dimanche.