AQUILINE DE BYBLOS - Augustin Sokolovski

Sainte Aquiline de Byblos était très vénérée dans l'Église ancienne. Elle était également connue dans l'Empire russe. La prévalence de son prénom parmi les femmes en témoigne.

Son nom est latin. Sa prononciation est similaire à celle du mot « Aquitaine » que nous connaissons, mais ce dernier vient du nom « eau ». Aquiline signifie « petit aigle ».

Les bolcheviks russes imitaient la religiosité orthodoxe. C'étaient de puissants idéologues, de véritables manipulateurs. Ils n'hésitaient pas à imiter la piété populaire. Ils empruntaient et reproduisaient même la terminologie sous une forme caricaturale. Il semble qu'ils aient littéralement imité l'Antéchrist, sans jamais cacher cette imitation.

Nombre de personnes nées en URSS se souviennent encore de la chanson « Orlyonok ». Le contenu de cette chanson tient en deux mots : l'Aiglon est un enfant héroïque. Tel est et était, au sens chrétien du terme, Aquiline. Cela était vrai tant dans sa vie que dans son nom.

Aquiline faisait partie des rares chrétiens qui souffraient au début des années 290, avant le début des persécutions massives officielles de Dioclétien. Sa mort devint une prophétie annonçant la persécution imminente de tous les chrétiens. Par sa mort, elle était ne enfant prophète. Mais la piété antique ignorait en quelque sorte son enfance.

Il est probable que la police païenne romaine l'ait simplement entendue parler du Christ Jésus à des enfants et l'ait torturée à mort. Les païens n'ont pas réussi à la faire renoncer au Christ. La piété populaire qui a suivi et le travail des prédicateurs ont placé la confession d'une adulte dans la bouche d'Aquiline. Avec de bonnes intentions, elle a transformé l'enfant Aquiline en martyre adulte. En ce sens, elle a prophétiquement représenté notre époque.

De nos jours, les gens ont perdu la capacité de vivre selon leur âge. Les personnes âgées agissent comme des jeunes, tandis que les jeunes cherchent à paraître matures. Pour preuve, les uns comme les autres font des choses qui ne sont pas adaptées à leur âge. Saint Irénée de Lyon (+200), qui souffrit pour le Christ cent ans avant Aquiline, affirmait que le Christ avait traversé tous les âges et avait été crucifié alors qu'il était déjà un homme âgé.

Ce faisant, Irénée fait référence à Jean l'Évangéliste et à d'autres apôtres. En langage moderne, cet enseignement est une théologie verticale de la rédemption. Pourquoi verticale ? Parce qu'elle reprend l'axiome antique : « Ce qui n'était pas dans la nature humaine du Christ n'a pas été racheté. S'il n'y avait pas d'âme, alors l'âme n'a pas reçu la rédemption. S'il n'y avait pas de volonté humaine, alors la volonté de l'homme n'a pas trouvé le salut. Et ainsi de suite. » Il s'agit d'une vision horizontale de la rédemption, qui considère tous les aspects de la nature humaine dans leur ordre et leur énumération.

La vision verticale parle du Christ dans la perspective de tous les âges. Chaque époque de l'humanité a été rachetée en Jésus. Chaque époque de l'humanité est achevée. C'est ce qu'a dit Irénée de Lyon.

C'est une déclaration prophétique pour notre époque. Aquiline et sa sainteté enfantine sont une personnification prophétique de l'enseignement biblique et patristique. Un de nos contemporains, le Père Jean Havand, du monastère Notre-Dame de Tamish (Artémis) au Liban, a composé une invocation à sainte Aquiline. Elle est précieuse car elle a été écrite par son compatriote. Répétons ces mots ensemble, en y ajoutant nos propres intentions de prière :

Ô notre martyre Aquilina

Fortifie-nous par ton martyre.

Tu es l'amour.

Tu es la foi.

Tu es aussi inébranlable que les cèdres du Liban.

Rétablis la foi des temps anciens

Et fortifie le cœur des fidèles.

Ô ville de Byblos, mère de l'alphabet,

Les Livres Saints sont devenus ta sanctification.

Le sang des martyrs a arrosé la terre assoiffée.

Seigneur, Seigneur, entends nos prières.

Tu es une grande intercesseuse,